Décryptage du document central n° 1 de 2019 de la Chine

iDiMi-Décryptage du document central n° 1 de 2019 de la Chine

Le document central n° 1 de 2018 s’est concentré sur la stratégie de revitalisation rurale et a défini les grandes orientations du travail agricole pour les années suivantes. Celui de 2019 présente huit priorités pour le développement de l’agriculture, des zones rurales et des agriculteurs (les « trois ruraux »).

Le monde rural est déterminant pour l’achèvement d’une société de moyenne aisance. Savoir si cette société est réellement atteinte dépend en fin de compte des habitants des campagnes — en particulier, de la capacité à sortir durablement les populations pauvres de la pauvreté, à retirer l’étiquette de « comté pauvre », à remettre sur les rails les zones de grande pauvreté et à prévenir la pauvreté causée par la maladie ou le handicap. C’est pourquoi la première partie du document 2019 appelle à des politiques ciblées et à une victoire décisive contre la pauvreté. La réduction de la pauvreté n’est pas une opération ponctuelle, mais une tâche prioritaire de long terme, et la réflexion stratégique pour l’après‑2020 doit être engagée tôt. La revitalisation rurale est la continuité et la garantie de la lutte ciblée contre la pauvreté. Ce n’est qu’en établissant un nouveau modèle rural — « industrie prospère, écologie agréable, mœurs rurales civilisées, gouvernance efficace, vie aisée » — que l’on pourra transformer en profondeur la campagne.

L’agriculture est le socle de l’alimentation, de l’habillement, du logement et des transports pour toute la population. Des céréales et huiles aux textiles, meubles et caoutchouc, la vie quotidienne est indissociable de l’agriculture. Pourtant, l’industrialisation et l’urbanisation grignotent et polluent des terres arables de plus en plus rares, tandis que l’industrie concurrence l’agriculture pour la main‑d’œuvre, aggravant l’abandon des terres. Des techniques de culture en retard et des coûts élevés rendent les produits agricoles nationaux moins compétitifs face aux produits étrangers. Consolider la base agricole, assurer l’offre des produits clés et stabiliser les besoins essentiels des ménages constituent la priorité numéro un des « trois ruraux ».

L’exode rural est une tendance sociale normale, mais la sortie nette de population ne doit pas servir de prétexte pour négliger l’amélioration du cadre de vie à la campagne. Ce n’est qu’en améliorant routes, eau, électricité, gaz, internet, toilettes, gestion des déchets et logistique que l’on permettra à ceux qui souhaitent rester de s’installer sereinement, et que l’on donnera envie aux nouveaux arrivants de demeurer. Un environnement beau et agréable est le fondement indispensable de la vitalité et du développement des campagnes.

Les industries rurales ne se résument pas aux seules cultures et à l’élevage. Elles englobent aussi la transformation agro‑alimentaire, la fabrication de biens de consommation et le tourisme de loisirs. En mettant en place des mécanismes de partage de la valeur intégrant les secteurs primaire, secondaire et tertiaire, et en développant des industries rurales plus fortes, les agriculteurs pourront capter davantage de la valeur ajoutée créée.

Depuis longtemps, les collectivités et les particuliers ruraux disposent de « ressources » mais pas d’« actifs ». Maintenir des relations de fermage stables et de long terme ; autoriser l’utilisation des droits d’exploitation des terres contractées comme garantie de financement ; permettre l’entrée sur le marché des terrains collectifs à usage de construction ; et orienter banques commerciales rurales, banques coopératives et coopératives de crédit à mieux servir l’agriculture et les campagnes locales — tout cela est essentiel pour activer les actifs ruraux et renforcer le sentiment de gain des agriculteurs.

Le rôle fondamental de l’agriculture est devenu un atout majeur dans les rivalités commerciales entre grandes puissances. Pour aligner l’agriculture chinoise sur les normes internationales, il convient, dans le respect des règles de l’OMC, tout en protégeant les intérêts des agriculteurs et en soutenant le développement agricole, d’étudier et d’améliorer sans tarder les politiques de soutien et de protection. Cela implique d’ajuster et d’optimiser les mesures dites de « boîte ambre » et d’élargir le recours aux mesures de « boîte verte ».

Publié le: 20 févr. 2019 · Modifié le: 12 déc. 2025

Articles similaires